ExploTalk #4: urbex_be9

urbex_be9 est un explorateur belge actif depuis 2021. Attiré dans un premier temps par l’adrénaline et la découverte des lieux, urbex_be9 renforce depuis quelques temps la création de contenus multimédia tout en privilégiant le ressenti sur les lieux. Découvre ici le monde des explorations de urbex_be9!

Depuis quand fais-tu des explos ?

Ça fait depuis février 2021 que je me suis vraiment lancé. Mon meilleur ami avait une connaissance qui faisait de l’urbex, mais à lui ça ne l’intéressait pas plus que ça. Il s’est penché vers moi, m’a directement expliqué les règles: ne pas casser, ne pas voler… Les règles vraiment de base. Puis il a arrêté parce qu’il avait déjà fait le tour du sujet, donc je me suis un peu lancé tout seul. Puis après, on créé des contacts et puis on a d’autres personnes avec qui partir quoi. C’est grâce à Instagram que j’ai pu avoir des connaissances pour l’urbex, qu’on a pu échanger, se voir en vrai et la magie s’opère. 

Qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer dans l’urbex?

La première fois, c’était clairement l’adrénaline. Ça et la curiosité. J’étais très curieux de savoir à quoi ça ressemblait. À l’heure actuelle, c’est aussi la création du contenu. Maintenant, j’essaie vraiment de faire du contenu assez professionnel. J’ai plus cette perspective artistique. J’ai toujours cette pensée “je vais le regretter si je le fais pas”. Des moments, je me dis “ça va peut-être pas être une photo de ouf mais je vais quand même le faire”.  Et puis, ça se retrouve sur mon feed Instagram le lendemain.

Quand je fais de la photo, j’utilise le trépied vraiment que quand c’est des zones sombres. Si tu mets 6400 d’ISO, tu vas avoir des grains sur ta photo, ça va pas bien donner. Les retouches elles vont être dégueulasses. Généralement, je travaille sur 800 d’ISO. Donc le trépied est presque tout le temps obligatoire. 

Décris un peu ton premier spot urbex

En théorie, mon premier c’était une partie d’une usine. C’est qu’un petit bout d’usine qu’ils ont pas dégagé avec des anciennes habitations à côté. Donc le premier lieu que je considère vraiment comme mon premier, c’était un ancien abattoir abandonné. J’avais ce côté curieux et adrénaline, et j’étais avec quelqu’un qui avait l’art de savoir mettre un peu cette angoisse. En plus, quand je l’ai fait la première fois, il y avait de la neige. Un côté apocalyptique. 

Quand tu pars en explos, as-tu certaines craintes ou as-tu vu des trucs que tu t’attendais pas du tout?

Quand tu fais de l’urbex, n’importe quoi peut arriver. Ma crainte, c’est des choses auxquelles je n’ai absolument pas pensé. Il y a une centrale abandonné qui est vraiment mon terrain de jeu car j’y vais tout le temps. C’est vraiment très près de chez moi et j’ai une fois la police qui est arrivée. Ils m’ont vu, ils m’ont dit “faites attention” mais ils m’ont même pas dit de partir. Ils m’ont juste dit de faire attention. En revanche, j’étais en contact avec une urbexeuse qui y est allée il n’y a pas longtemps. Elle a eu toute une histoire de police avec trois voitures, etc. C’est un spot où je suis allé des centaines de fois. Et elle, la deuxième fois où elle y va, elle a eu pas de chance. Donc il y a des trucs qui sont complètement what the fuck et improbables. 

Tu fais pas mal d’industries, c’est ton type de spot préféré 

J’ai des spots industriels où je peux retourner pas mal de fois. Il y a ce côté escalade, et aussi ce côté gigantesque. L’industriel, ça reste quand même assez atypique. C’est un peu mon terrain de jeu. Je fais extrêmement gaffe évidemment, mais dans des maisons abandonnées, je me vois mal faire 15 fois le spot. Ce sera plus le côté création de contenus. Je vais prendre mon trépied, faire un tour du lieu et après commencer à prendre mes photos. Un site industriel, tu as toujours quelque chose à faire dedans finalement. Je m’en lasserai pas, tu peux expérimenter plein de choses. 

Tu parles pas mal de grimpe, c’est quelque chose que tu fais essentiellement dans les milieux industriels ou tu fais ça aussi ailleurs?

À la base je suis pas du tout un grimpeur. Je suis juste un explorateur basique qui crée son contenu. C’est depuis que j’ai commencé à faire de l’urbex avec certaines personnes que ça m’a poussé à me dépasser. J’ai commencé par escalader une passerelle qui fait peut-être bien 60m de haut, et puis d’autres trucs dont je me rappelle plus. Ça demande d’être un peu poussé au-delà de ses limites. J’ai eu énormément de fois où j’ai eu peur. Mais je sentais aussi que je pouvais le faire. Jamais je me suis mis au point où je me dis j’ai une chance sur deux de mourir. Il faut pas non plus jouer avec la mort. Ce qu’il faut, c’est un juste milieu. Il faut y aller petit à petit, en sortant de tes habitudes. Avec les réseaux sociaux, il y a le problème que c’est beaucoup de la compétition. Inconsciemment, on a toujours ce petit esprit de compétition et vouloir aller au-delà de ses propres limites. Et se mettre parfois en danger. 

Comment tu trouves tes spots urbex?

Ça peut être avec des personnes de confiance, mais ça m’est aussi arrivé pendant des nuits entières de rechercher sur Google maps. Le 3/4 du temps, c’est souvent des trucs qui sont détruits, mais quand tu prends bien le temps de chercher, tu peux tomber sur des trucs vraiment cools. Des fois, ça m’embête un peu de prendre des trains dans des villes complètement différentes pour des points GPS dont je suis absolument pas sûr. En général, je les mets dans une journée d’urbex avec des spots qui sont sûrs. Et si ça marche, ça marche. Et si ça marche pas, tant pis! Au moins, j’aurais pas perdu du temps. il y aura quand même 2-3 spots que j’aurais pu faire et qui valaient la peine. 

Et le partage d’adresses?

Pour moi, il faut quand même connaître la personne un minimum. Il y a plusieurs facteurs. Il faut que cette personne, je l’ai déjà vu dans la vraie vie. Potentiellement aussi que j’aie pu explorer avec elle. Après, t’as beau très bien t’entendre avec une personne et lui faire confiance, mais tu sens que si tu vas lui passer un spot, ça va lui donner comme un petit pouvoir entre les mains. Parce qu’il saura que les autres vont pas forcément avoir le spot, donc il va peut-être se laisser tenter de l’échanger. C’est pour ça que je préfère savoir un peu comment la personne fonctionne. Je suis peut-être un peu radin à ce niveau-là mais je vois tellement de spots qui sont rapidement détruits

C’est important ce que tu dis là. Parce qu’il n’y a pas que des explorateurs qui viennent dans ces lieux. Et c’est super important de faire gaffe à ce qu’on publie. Autant dans les images elles-même que dans ce qu’on écrit dedans, dans les hashtags, etc.

Certaines personnes vont partager des photos discrètes, répondre aux commentaires sans donner aucun indice, etc. J’ai déjà vu des photos d’urbex où à l’heure actuelle, je sais toujours pas dans quel pays ça se trouve. Et en fait, ça devrait être comme ça. Mais maintenant, il y a énormément de gens qui font de l’urbex mais qui ont démarrés par phénomène de mode. Ils sont rentrés comme ça, un peu n’importe comment. Moi j’ai commencé par faire des ruines. On m’a expliqué les vraies règles de l’urbex, et tout doucement j’ai monté et grimpé. Aujourd’hui, il y a des gens, leur premier spot c’est un château meublé! Un lieu que Si tu donnes trop d’indices, tu lui signes son arrêt de mort! 

Est-ce que tu as un message à faire passer auprès des explorateurs ou de ceux qui s’y connaissent moins?

À ceux qui ont déjà une certaine expérience, n’oubliez pas que les réseaux sociaux, ça reste les réseaux sociaux. Il y a une différence dans la vraie vie et il faut pas trop se comparer aux gens. N’essayez pas d’être systématiquement en compétition en voulant montrer de belles photos sur Instagram. On a commencé surtout parce que ça nous a fait kiffer dès le début de visiter des lieux. 

Et pour ceux qui débutent, entourez-vous de personnes de confiance. L’urbex reste illégal, et on ne sait jamais comment une personne peut réagir. Aussi, il faut toujours quelqu’un qui soit là pour appeler les autorités ou l’ambulance si ça se passe mal. Les choses peuvent aller très vite et c’est bien ça le problème. Le risque zéro, ça existe pas, tout simplement. Donc autant limiter les risques et être un peu malin. C’est des règles de base, mais quand je dis des règles, c’est pas un choix. C’est ta vie qui en dépend peut-être.